Cette nouvelle balade nous emmène en plein cœur des vastes collines de notre bel Artois à environ 10 km d’Arras. Nichées à une altitude de 155 mètres de haut, les deux tours de grès du Mont-Saint-Eloi visibles à des kilomètres à la ronde dominent la vallée Artésienne. Autrefois siège d’une des plus importantes abbayes du nord de la France, je vais tenter de vous en apprendre un peu plus sur ce joli village du Mont-Saint-Eloi, réputé comme l’un des plus beaux du Nord-Pas de Calais. Mais qui était vraiment Saint-Eloi ? Pourquoi le mont porte-t-il son nom ? Nous allons le découvrir ensemble. Allez, suivez-moi pour une nouvelle balade !
Le Mont-Saint-Eloi
Vous le savez, l’Artois est une terre riche d’histoires et le Mont-Saint-Eloi ne fait pas exception. De par son altitude de 155 mètres, il est depuis toujours l’endroit où il faut être si on souhaite observer de loin. Les archéologues confirment d’ailleurs que les premiers hommes à s’être installés sur les hauteurs du Mont remonteraient à plusieurs milliers d’années avant notre ère. Il paraîtrait aussi que César lui-même aurait édifié un camp durant son séjour dans le nord de la Gaule et sa bataille contre le peuple Atrébate de Comios pour surveiller la voie romaine qui reliait Arras, la cité des Atrébates à Thérouanne, la cite des Morins.
L’antique voie romaine devient la célèbre chaussée Brunehaut et au IXè siècle, le mont subit la rage des Vikings. Au Xè siècle, une chapelle est construite et c’est au XIIIè siècle que l’abbaye est construite avant d’être partiellement démolie à la révolution. Au XIXe siècle, l’état achète les tours pour éviter leurs disparitions et c’est durant la Première Guerre mondiale que les tours sont bombardées. Voilà, en quelques lignes nous avons parcouru plusieurs milliers d’années et comme vous pouvez vous en rendre compte, l’histoire du « Mons Albus » ou « Mont Alban » est très riche (en latin, le Mont Blanc; Albus : Blanc; le mont où émerge la craie).


Qui était vraiment Saint-Eloi ?
Vers l’an 588 dans le Limousin naît Eloi (Eligius en latin, l’« élu »). Sa mère aurait fait un rêve. Elle voyait en son fils un destin divin et qu’il était l’élu pour une mission providentielle. Très vite, son père Eucher s’aperçoit qu’Eloi est très habile de ses mains. Il travaille bien et aime ça, alors, il est confié au Maître de la Monnaie de Limoges Abbon, un orfèvre réputé dans la région.

Très vite, il est envoyé à Paris et entre au service du trésorier du roi des Francs, Clotaire II. Débarrassé de la reine Brunehaut depuis plusieurs mois, il souhaite un trône digne de ce nom pour régner sur le royaume.
Le roi passe commande chez Abbon et fait livrer lingots d’or et pierres précieuses pour la fabrication du trône. C’est Eloi qui est nommé pour la fabrication de ce trône. Quelques semaines plus tard, le roi ne peut qu’admirer le travail d’Eloi. À la surprise générale, Eloi lui présente un deuxième trône identique, car il s’était fait livrer plus d’or et de pierres que nécessaire.

Clotaire II surpris par son honnêteté décide de le garder près de lui à tel point qu’il ne peut plus se passer de sa présence. Un jour, en le regardant travailler, le roi est admiratif de son habileté et souhaite lui confier plus de choses. Eloi n’a plus qu’à prêter serment sur les saintes reliques. Mais contre toute attente, il refuse, car il est dans l’Évangile et suit à lettre les paroles de Saint-Matthieu :
Mais moi, je vous dis : ne jurez en aucune manière ;
ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu; ni par la terre, car c’est le marchepied de ses pieds ; ni par Jérusalem, parce que c’est la ville du grand Roi.
Eloi devient Saint-Eloi
Et c’est cela qui fait la force d’Eloi, il est travailleur, droit et honnête. Il explique au roi qu’il le servira plus utilement en restant libre de toutes obligations officielles. Embarrassé et ne voulant pas offenser le roi, Éloi est pris d’une vive émotion quand soudain Clotaire II comprend qu’il pourra toujours compter sur la loyauté d’Eloi. Il peut enfin devenir celui qu’il a toujours voulu être… l’élu. Il vend vêtements, ceintures dorées, bijoux et tous les cadeaux qui lui seront faits serviront aux pauvres en leur donnant à manger, mais il redonne surtout ce qui ne s’achète pas : du courage et le goût du travail. Il rachète aussi des esclaves pour en faire des hommes libres et leur laisse le choix de rentrer chez eux ou dans un monastère.
Le bon roi Dagobert succède à Clotaire II et Eloi devient son conseiller privilégié. Il le conseille sur la manière de gouverner et de se comporter, d’où la célèbre chanson devenue comptine du bon roi Dagobert. Eloi est très franc avec le roi et c’est le seul qui puisse se le permettre.
Avec l’accord du roi, Eloi fait bâtir des églises, fonde l’abbaye de Saint-Denis, rédige la loi franque qui prône l’honnêteté, le respect des femmes et du mariage. Il nourrit toujours les pauvres, soigne les malades, habille les plus démunis et des miracles se produisent même quand il sauve une église d’un incendie ou soigne un paralytique dans l’abbaye de Saint-Denis. Ses miracles sont racontés dans tout le royaume et Eloi devient alors Saint-Eloi aux yeux de tous.
En 641, il est élu évêque de Noyon-Tournai. Il fonde plusieurs monastères dans tout le royaume et aidés par plusieurs disciples, il sera l’un des plus fervents évangélisateurs du nord de la gaule.
Le Mont et Saint-Eloi
Et c’est à partir de ce moment-là que le destin entre le Mont et Saint-Eloi se croise. Evêque de Noyon-Tournai, il aime venir se ressourcer et prier sur les hauteurs du mont. Il rassemble un petit groupe de disciples – dont un certain Vindicien – et installe un petit ermitage sur les pentes de la colline qu’on appelait à l’époque le Mont Alban (le mont Blanc). Ce sont les pionniers d’une communauté chrétienne qui se trouvait sur le mont jusqu’à ce qu’elle soit détruite par les Vikings lors des raids normands de 881.
Le temps passe et Saint-Eloi lui-même prédit sa propre mort. Le dernier soir de novembre 659, Saint-Eloi réunit ses clercs, ses serviteurs, ses disciples et les embrasse tous les uns après les autres. Le 1er décembre 659, Saint-Eloi s’éteint et expire en prononçant cette phrase : maintenant, laissez votre serviteur aller dans la paix…
Maintenant que nous savons que ce n’est pas Saint-Eloi qui fonda réellement le Mont Saint-Eloi, essayons de savoir qui en est vraiment le fondateur.
En 929, quelques jeunes clercs de l’école capitulaire d’Arras cherchent de l’encre pour écrire leurs livres (scriptorium). Alors qu’ils se trouvent dans les bois d’Écoivres, ils découvrent une église abandonnée. Les clercs se mettent à explorer l’endroit et à creuser quand soudain, un des clercs se rend compte qu’il y a une tombe. Il continue de creuser lorsque soudain il perd la vue instantanément ! Cette tombe, c’est celle de Saint-Vindicien. Né en 632 à Bullecourt, il fut élevé quelque temps par Saint-Eloi qui lui a appris les rudiments de l’évangile, du courage et de l’effort.
Saint-Vindicien

La prospérité de l'abbaye du Mont-Saint-Eloi

Des fouilles archéologiques...
Mais l’histoire ne s’arrête pas là car le Mont-Saint-Eloi ne nous a pas livré tous ses secrets. En 2008, le Conseil Général du Pas-de-Calais devient propriétaire des deux tours de l’abbaye du Mont-Saint-Eloi et décide de les restaurer et de valoriser le site. D’août à septembre 2010, des archéologues fouillent le cœur et la nef des collégiales gothique et moderne.
Voici une vidéo très interessante sur les fouilles sur le site :
Non, Saint-Eloi n’est pas mort
Car il vit encore, car il vit encore,
Vive Saint-Eloi !

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